UKRAINE : la France doit prendre l’initiative d’une conférence de sécurité collective (Extraits)

#lien vers l'article original

Europe orientale : Pour aller à l’encontre des somnambules et des va-t-en-guerre la France doit prendre l’initiative d’une conférence de sécurité collective (Extraits)

La concentration militaire extrême, en Ukraine, en mer Noire, voire dans le Pacifique, accentue l’instabilité et la volatilité de la situation qui peut dégénérer d’une manière incontrôlée au moindre incident, ou à la moindre provocation, d’où qu’elle vienne. Selon les données du ministère de la Défense russe, 30 navires russes de la flotte de la mer Noire ont pris la mer. Le renforcement annoncé ces derniers jours de la présence militaire de l’Otan en Pologne et en Roumanie aggrave les risques. En utilisant la théâtralisation et l’exacerbation de la tension, les États-Unis évacuent la majeure partie de leur personnel diplomatique à Kiev et brûlent des documents confidentiels.

Comment en est-on arrivé là ?

L’Otan porte la responsabilité principale des risques de guerre. Les États-Unis ont fait le choix de son extension en Europe de l’Est, en 1999 et 2004, commençant dès 2010 à déployer le « bouclier antimissile » dans cette région. L’autre aspect de cette responsabilité historique concerne cette fois-ci l’Ukraine. Comment réagiraient les États-Unis si les Russes déployaient des missiles anti-char ou des forces spéciales au Canada et au Mexique ? Bien évidemment, les couloirs du pouvoir en Russie ont eux aussi leurs nationalistes et leurs militaristes. Le régime actuellement en place à Moscou, issu lui-même du coup d’État de 1993, à l’époque avec la bénédiction des Occidentaux, est clérical, autoritaire et ultra-libéral. Pourtant, face à un pays dont la doctrine n’a rien à voir avec l’Union soviétique, mais replonge dans le souvenir du tsar Alexandre III qui disait que « la Russie n'a que deux alliés : son armée et sa flotte », et dont l’économie rentière dépend des cours mondiaux des hydrocarbures, la responsabilité première des tensions penche clairement du côté d’une alliance militaire qui possède à elle seule plus de la moitié des capacités guerrières mondiales.

Emmanuel Macron dit vouloir poursuivre le « dialogue » avec Moscou. Sa visite à Moscou, suivie d’un passage à Kiev, fut une initiative bienvenue. Mais son action trouve rapidement ses limites, car elle est indissociablement liée à l’Otan. L’envoi de troupes françaises en Roumanie, annoncé par Emmanuel Macron, ne vont clairement pas dans le sens de la désescalade.

La France peut et doit prendre des initiatives immédiates :

  • Notre pays doit exiger d’être réellement partie prenante des discussions, alors que les Européens en sont pratiquement écartés, en suspendant la participation de la France aux opérations avec les États-Unis en Europe.
  • Il doit se dégager de la tutelle de l’Otan en prenant l’initiative de proposer l’organisation, sous l’égide de l’ONU, d’une conférence de paix et de sécurité collective afin de négocier un règlement politique général des sources de tensions. En cas de désaccords persistants, le dernier mot devra revenir aux peuples en application du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
  • Le déploiement des troupes françaises en Roumanie doit être stoppé et nos forces stationnées en Estonie doivent être rappelées.
  • Rappelons que la France et l’Allemagne se sont opposées à l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan lors du sommet de Bucarest de 2008. Il revient à la France de s’opposer à toute nouvelle extension de l’Otan.
  • Les représentants de la France doivent s’opposer aux sanctions contre la Russie et la Biélorussie, qui sont totalement contre-productives.
  • Le processus de sortie du commandement militaire intégré de l’Otan, que la France a rejoint sous Nicolas Sarkozy, doit être sans délai engagé, dans la perspective de la sortie pure et simple et de la dissolution de l’Otan.

Contre la logique de blocs défendue par l’Otan, et les menaces qu’elle fait peser sur l’Europe et le monde, il est indispensable d’avancer vers un nouvel espace commun de sécurité collective en Europe, incluant la Russie, favorisant une approche globale des questions de sécurité, dans ses dimensions géopolitiques, environnementales, démocratiques, sociales, économiques et commerciales. Ce sont des initiatives politiques et diplomatiques qui s’inscrivent dans cette logique qu’il convient, urgemment, de prendre.

La sécurité de l’Europe dépend de la sécurité de la Russie. Aucune grande décision sur la sécurité collective en Europe ne s’est prise sans la Russie, et encore moins contre la Russie, que ce soit la conférence d’Helsinki de 1975, ou le sommet de l’OSCE de Paris en 1990.

Minuit moins cinq n’est pas encore minuit.

Vincent Boulet

responsable des Questions européennes

membre de la Commission des relations internationales du PCF

 

 



17/02/2022
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 42 autres membres